Branchés en Série
- Loritz Vernet
- 8 janv. 2019
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 janv. 2019
L’expérience des amis virtuels n’est plus un mystère. Nous avons tous cette personne sur la toile avec qui nos échanges sont réguliers et constants, sans pour autant avoir une relation dans la vraie vie. Généralement, ça ne me dérange pas de rester dans les Likes et les commentaires. Mais avec certaines personnes, les posts débordent un peu vers les messages directs. Ce sont des choses qui arrivent. Et assez souvent, c’est sans danger. Assez souvent.
Avec Darla, c’est Facebook qui a tout lancé. J’étais toujours fidèle à ses publications. Un like par-ci, un "meme" par-là, une blague de temps en temps ; elle semblait apprécier nos échanges. Un jour, je ne sais plus comment, nous en sommes venus à parler de séries télévisées. Elle avait besoin de quelques-unes et je me suis proposé, en fervent serviteur, pour les lui passer. Je suis moi-même un grand fan…. C’est d’ailleurs elle qui m’a envoyé le premier message direct, question de me proposer un rendez-vous pour récupérer les séries. J’ai accepté, l’air désintéressé. On a fait connaissance, j’ai fait le tour de ses photos, et en moins de deux semaines, j’étais sûr d’avoir donné l’impression qu’il fallait pour finalement placer le rendez-vous. J’avais obtenu sa confiance et c’était primordial.
C’était un samedi. Je ne travaille pas, samedi. M leve prepare kay la (Ou pa resevwa moun lakay ou nenpòt kijan, sa pa fèt !) et une fois terminé, je pris un bain et m’habillai de manière « chill » : pantalon kaki, maillot sans manches, sandales.
Ping !
Nouveau message. Je reconnaîtrais ce son entre mille, c’est celui que j’ai choisi pour toute notification sur Messenger.
C’est Darla. Elle sera un peu en retard car elle a dû accompagner un membre de sa famille à l’hôpital. Pas grave ! Moi qui m’attendais à un poto… m rayi sa dayè !!!
Ping !
Encore elle. Trois heures se sont écoulées depuis le dernier message. Elle vient de prendre une moto, elle arrive. Je confirme l’adresse en me frottant les mains l’une contre l’autre.
Je sors l’attendre devant la barrière. Un peu parce que j’étais impatient, et aussi pour la voir sur cette moto. M renmen wè fi sou moto. Gen yon jan yo chita… Il n’y a qu’à les regarder pour les imaginer assises sur autre chose. Je dis ça je ne dis rien.
… 3 minutes …. Je la vois arriver. Elle me reconnaît tout de suite et arrête la moto….
Je la vois se lever de cette moto, soulever une jambe et sauter au sol. Ses gestes étaient calculés. En sautant, le vent souleva sa robe et j’aperçois la peau lisse de ses cuisses bien galbées. Je souris. Nous sommes bien partis. Ce sont les premières impressions qui nous font et nous défont. Et Darla, elle avait fait une sacrée impression. Je me suis rapproché rapidement pour payer la moto et au chauffeur de me dire :
« m mennen l pou ou tou nèf wi dirèk ! ».
Je répondis, pince-sans-rire « Mèsi, patwon ! Bon blòd ou ye, ou pa ka nan mal jere baz. »
Darla portait une robe blanche, une paire de chaussures à talons compensés beige et un petit sac de la même couleur. Je me connais très peu en vêtements féminins, mais elle était classe … Malgré son visage fatigué, le port très modéré de bijoux et de maquillage, elle était belle. Très belle… Elle avait la peau noire et le sourire qu’elle m’avait jeté avait laissé entrevoir une magnifique dentition. C’était du chocolat recouvert d'une couche de crème.... un biscuit Oreo en fait mais à l’envers. Je suis surpris de n'avoir pas été surpris. La réalité dépassait le numérique (la photo) et ceci de loin … la demoiselle était une vraie bombe. « Non , m pa pran nan filtè… »
Je sais, je sais... vous vous demandez sûrement kisa m pèdi nan « bombassitude » ti kòkòt la… c’est humain ça. On se jauge dès le premier regard…
Je lui fais un compliment. C’est la moindre des choses, mezanmi. Elle répond avec un merci timide, tout sourire. Je l’ai reçue au salon. J’étais en face d’elle, la conversation allait bon train, les sujets venaient sans aucun effort. Elle gardait les jambes croisées et jouait avec une mèche de cheveux derrière son oreille droite. Son sac à main était léger. Pas de taille à contenir un laptop. Je lui fis la remarque. Elle me répond qu’elle ne pouvait aller à l’hôpital avec son ordi mais qu’elle a une clé USB.
- Ou panse l ap ka pran tout seri yo ?
- Li a pran sa l ka pran. M pa t vle pa vini men m nan lari depi maten.
- Ah, ou dwe fatige. M ka ofri w yon bagay pou manje ?
Elle fronça son nez en tordant les lèvres. Elle allait refuser. Je fis mon visage de déçu en poussant un soupir. C’était de la comédie, bien sûr.
- D’accord… Puisque tu insistes…
J’avais un peu de tarte, à la cuisine. J’en préparai une tranche au fromage que je mis à réchauffer.
- Ou parèt pi gwo nan foto, lança-t-elle.
- Ah oui ? Foto bay manti, pafwa. M swete w pa desi. Parce que dans ton cas, tu es nettement mieux en chair et en os. De la bonne chair, en plus !
Elle a ri. J’adore le son de son rire.
Le « soutni kè » de madame était prêt. Je le lui servis comme un vrai chef. Je me rendis dans ma chambre pour prendre mon PC. Pendant qu’elle mangeait, elle pouvait jeter un coup d’œil à mes trésors (je parle des séries, ok ?) et choisir ce qu’elle prendrait en attendant d’avoir assez d’espace. Elle était assise et moi debout, penché à côté d’elle, j’étais à la manœuvre. Vu que ses doigts étaient graisseux, je faisais les transferts selon ses désirs.
Elle semblait complètement détendue. Les gens me font confiance assez rapidement, d’ordinaire. Djòlè mis à part, je dégage une aura plutôt agréable.
Elle me mit un morceau de tarte à la bouche… comme le font les prêtres. M resevwa l tankou m t ap pran losti, m di « amèn » nan kè m. C’était la dernière bouchée. Je l’ai mâché les yeux fermés avant de prendre une gorgée de mon propre verre de jus. Je sentais son regard lourd peser sur moi. Je gardais les paupières baissées. Darla me prit le verre des mains, le déposa sur la table. Elle me tira vers elle et me gratifia d’un baiser. Les yeux fermés, je répondis avidement. Je l’aidai à se lever sans cesser le contact. Je la serrai contre moi un instant, puis mes mains partirent à l’aventure…
Darla avait le corps ferme. Mes mains s’attardèrent longtemps sur ses fesses et c’était du béton – Nou ka kwè m, m pran pwa a. Je sentis mon membre se réveiller à mesure que je l’embrassais. Je la fis pivoter doucement. Elle devait faire dans les 1 mètre 65. La déformation de mon pantalon arrivait tout juste au creux de ses reins. Elle arc-bouta. Je déposai mes lèvres sur son cou et lui murmurai à l’oreille :
« je meurs d’envie de continuer mais je ne peux pas. Il est trop tard. On va se revoir pas vrai ? je te ferai l’amour comme il faut. C’est promis »
Je ne vis pas seul vous savez. Et, mon petit doigt me disait que quelqu’un n’allait pas tarder à arriver. Rien ne laissait présumer qu'on arriverait jusque là de toute façon.
Elle était du même avis. Elle avait passé la journée dehors, fatiguée…. Elle se tourna, me prit le visage entre les mains et m’embrassa. Ses lèvres étaient de la pulpe. Sa langue se frayait un chemin vers la mienne dans une chorégraphie dont elle seule avait le secret. Un instant, je regrettai ma décision. D’où m’est venue cette idée stupide de jouer au gentleman ? Je me maudis, me traitant de tous les noms. Elle s’éloigna. Je la retenais par la hanche, le regard perdu dans son décolleté.
- Merci!! Je reviendrai, je te le promets.
Dans ma tête, une voix me criait de revenir sur mes mots. Mais mon cerveau était en compote.
On échangea nos numéros cette fois, on ne l’avait pas encore fait. Nos convos se tenaient exclusivement sur Messenger.
Ainsi, après quelques minutes. Elle prit le chemin du retour.
- « fè m konnen lè w rive wi, lui dis-je »
- « wi b, m’ap fè w konnen »
Je la regardai monter une camionnette et disparaître. Confiant de la revoir un jour prochain …
J’étais cloué ! Je me sentais bête. Pour me consoler, je me disais que sa promesse valait quelque chose. Et qu’au pire, il restait les séries, en recours. C’est ce qu’on appelle une « unfinished business », non ? Epi manman m toujou di m « sa k pou ou, lavalas pa kapab pote l ale. » Si ce coup-là était bien à moi, il me reviendra. Je suis sûr que celui qui avait inventé la théorie de l’Espoir venait de vivre une histoire pareille à celle-là…
Mais vous savez ce qu’on dit de la faim que l’on aiguise ? Non ?
va t-elle revenir?
A suivre ………….
Nap tann Darla mon fwèm nan
Ui Darla va revenir🤩