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G pour Généreux

Dernière mise à jour : 7 mai 2019

         Nous sommes vendredi. La chaleur tape fort dans la capitale. Tous les nerfs sont à vif et ce n’est pas l’embouteillage qui aidera à garder le calme. Le moindre geste agace et on ne se retient pas pour lancer des jurons à faire rougir les maitres de l’enfer. Les piétons grouillent, en sueur, peinant à chaque pas. Ils ont le regard mort, le dos courbé et les pas lourds. De gros nuages gris commencent à cacher le soleil. La grande plaie de Port-au-Prince va encore frapper. La pluie !


       Entassés dans un taxi, six passagers et un chauffeur maigrichon font mine de surveiller l’évolution de la circulation. Voilà une demi-heure qu’ils sont coincés à Bois-Verna. Le moteur ne tourne plus et deux des passagers somnolent, sac serré contre le torse. Sur le siège arrière, Alie s’impatiente. Elle semble être la seule. Tout le monde parait trouver normal de passer quelques heures bloqué sur la route à cause d’un bouchon dont personne ne saura jamais l’origine. Elle a pris ce taxi à Bois-Patate voilà bientôt une heure. Depuis elle a à peine bougé de vingt mètres.


         Elle regarde sa montre une dernière fois, pousse un soupir et tire sur la portière. Le chauffeur se tourne vers elle, lui demande les frais de la course. Alie, trop exaspérée pour répondre, lui fait un doigt d’honneur et claque la portière de toutes ses forces. Heureusement qu’elle ne porte pas de talons hauts, aujourd’hui. Elle tire son portable de son sac et compose rapidement un numéro.

          – C’est Alie. Alie Faillard. Il y a un embouteillage monstre, il se pourrait que je sois en retard; pourriez-vous… Je ne sais pas vraiment, je viens de laisser mon taxi pour tenter de… Non, c’est impossible ; je suis encore à Bois-Verna… Oui, je sais mais ça fait une heure que je… Mais vous pouvez comprendre, vous savez ce que c’est, vous, que d’être coincé dans un bouchon au centre-ville ! … Ah non ? Alors allez vous faire foutre ! Vous ne me méritez pas de toute façon !

        Elle raccroche avec un dernier juron et met son téléphone dans la poche extérieure de son sac à main. Elle n’avait pas encore fermé la petite poche qu’un motard, descendant la rue à toute vitesse, lui tire le sac de la main et sans ralentir, disparait au milieu des autres véhicules. Sous le regard de tout le monde, sans que personne réagisse. Quelques passants se sont retournés une seconde, secouant la tête, avant de revenir à leurs affaires. Alie resta figée une bonne minute, bien consciente de ce qui s’est passé mais pas prête d’en revenir.

– Ne restez pas là.

       C’était une voix masculine, derrière elle. Sûrement quelqu’un qui a suivi la scène. Elle ne bouge toujours pas. Elle n’y arrive pas. Elle ne le veut pas. Elle bouillonne d’une rage impuissante.

– Madame ? Vous voulez bien venir avec moi ? Ne restez pas plantée là.

L’homme la prend par le bras et la conduit dans une ruelle. Un bar dégageait un air de zouk à érafler les tympans. Tout juste à sa droite, un motel. L’homme lui demande, gentil :

– Vous voulez entrer et prendre un verre ou deux ? C’est moi qui offre.

– Non, fit Alie en dirigeant son regard vers le motel. Je ne veux pas d’un verre. J’ai besoin de baiser.

Le jeune homme, surpris, chercha le regard d’Alie mais cette dernière était restée de marbre, fixant la porte d’entrée du motel. Elle ne lui laisse pas le temps de répondre, le devance et se dirige droit vers la salle de réception. Une jeune dame la reçoit, elle demande une chambre pour le reste de l’après-midi. La réceptionniste lui file une clé ; sa chambre était à l’étage.

– L’homme avec la chemise verte, dehors, c’est lui qui paie. Quand il viendra te trouver, tu lui diras le numéro de ma chambre.

             Dehors, le jeune homme, encore sous le coup de l’étonnement, regardait Alie qui montait les marches pour se rendre à la chambre, tout en lui faisant signe de la suivre. Il hésite une fraction de seconde, puis pénètre dans le bâtiment délabré.

           Alie avait enlevé ses chaussures, son pantalon était soigneusement rangé sur l’unique chaise de la pièce. La porte était entrouverte. Elle enlevait son string quand le jeune homme entra dans la petite chambre peu éclairée.

– Je suis un homme marié, lança-t-il tout de go.

– Tant qu’on est sur la ligne de la sincérité, vous n’auriez pas une MST ?

– Non. Et vous ?

– Non. Gardez vos vêtements, si vous voulez.

          Elle porte encore son corsage, défait, qui laissait voir ses seins fermes débordant d’un soutien-gorge noir. Le jeune homme se regarde, chemise bien vissée dans un pantalon en toile, chaussures cirées, son sac de travail sur l’épaule, et lâche un juron. Il envoie le sac valser en direction de la petite table branlante, défait fébrilement les boutons de sa chemise, se débarrasse de son pantalon, tandis qu’Alie, assise sur le lit, l regarde faire en jouant lentement à ouvrir et refermer ses jambes. La sueur perle au front du jeune homme. Il n’a maintenant que sa chemisette. Dressé comme un arc, il se ronge les dents en regardant le tableau qui s’offre à lui. Alie enlève le corsage et se couche sur le ventre.

– Je n’ai jamais trompé ma femme, lâche le jeune homme d’une voix étranglée. Et merde ! je n’ai pas baisé depuis des lustres.

– On aura ça en commun. Nous sommes des adultes en manque de coït. N’en faisons pas une histoire. On baise et chacun reprend sa route.

         Elle cambre ses reins, remontant ses jambes et écartant les cuisses juste assez pour laisser voir que son corps avait déjà lancé le processus. Elle était parfaitement rasée et la cyprine luisait jusqu’à la naissance des courbes de ses fesses. Le jeune homme fait un pas vers le lit, s’arrête un instant, puis avance de nouveau. Il tremble un peu quand il touche du bout des doigts les fesses offertes, bien rebondies de cette négresse qui faisait à peine 1 mètre 55. Il laisse glisser sa main jusqu’à ses cuisses, puis la remonte dans l’entrejambe de la jeune femme qui s’arc-boute dans un gémissement. Le jeune homme y répond par un soupir langoureux et de son autre main, se caresse la verge. Ils sont tous les deux moites. La température normale n’était déjà pas fameuse, eux ils avaient comme un pied en enfer. Au sens propre comme au figuré, si ça tient.


         Le jeune homme s’assied sur le rebord du lit. Alie se redresse. Elle soutient le regard de son compagnon, prend appui sur ses épaules, et s’installe en califourchon tout en frottant ses seins contre le torse poilu qui bougeait au rythme saccadé de la respiration du jeune homme. Puis d’une main, le jeune homme lui presse le bas du dos, orientant ses lèvres suintantes vers son gland. Ils retiennent tous les deux leur souffle pendant les premières secondes. Aucun n’ose bouger le premier. Ils ont l’impression d’être pris d’une forte fièvre et que leur corps ne leur obéit plus. Tout tremble autour d’eux comme s’ils étaient au beau milieu d’un monde tourbillonnant. Le jeune homme plonge la tête entre les seins d’Alie et c’est elle qui commença la cadence. Dehors, d’un coup, une averse se déferla sur Port-au-Prince. C’est pour eux un signal. Qu’ils interprètent à leur manière.


     La réceptionniste les réveille quelques heures plus tard. Elle tentait de refermer discrètement la porte que le jeune homme avait oublié de tirer après lui tantôt. Alie s’enfonce sous la douche tandis que le jeune homme de son côté fouille dans son sac pour trouver son téléphone. Il compose un numéro, attend fébrilement que l’on décroche avant de lancer sans ambages :

          – Dis-moi qu’elle n’est pas venue ! … La jeune dame de l’entrevue. Comment elle s’appelle encore ? Fadard ? Faillard ? Dis-moi qu’elle ne s’est pas pointée… Ouf ! Dieu merci ! … J’avais quelques difficultés. Tu sais ce que c’est que d’être pris dans un bouchon, à Port-au-Prince. En plus, j’ai dû aider quelqu’un que j’ai croisé sur ma route et la pluie… Tu sais, la pluie à Port-au-Prince… Merci, hein ? On se voit demain… Non, ne t’en fais pas, ce n’est pas grave. Elle ne nous mérite pas, de toute façon. Et un franc célibataire comme moi, ça cherche pas longtemps pour se trouver une secrétaire… Non, je veux dire, entre jeunes, on se soutient. Je suis d’une génération de générosité!


Écrit par :

Schebna B. Vilnor BAZILE https://twitter.com/Schebbazile

 
 
 

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